
Les industries culturelles et créatives (ICC) occupent une place croissante dans le développement économique, social et identitaire du continent africain. Portées par une jeunesse dynamique, une diversité culturelle exceptionnelle et l’essor du numérique, elles sont aujourd’hui au cœur de stratégies nationales et de partenariats internationaux. Retour sur les dynamiques, les enjeux et les perspectives des ICC en Afrique.
Un secteur en pleine effervescence
Les ICC africaines regroupent des domaines variés : arts visuels, musique, cinéma, théâtre, danse, mode, design, architecture, patrimoine, édition, jeux vidéo, et plus encore. Ce secteur représente un vivier d’emplois, d’innovation et de rayonnement international pour le continent.
Des événements majeurs comme “Projet Afrique” lors des Africa Prosperity Dialogues 2025 à Accra illustrent la vitalité de la création africaine, mettant en avant artistes, créateurs de mode, designers, ingénieurs et entrepreneurs dans des secteurs aussi variés que l’art, l’agriculture, la technologie ou l’automobile. Ces initiatives soulignent la capacité de l’Afrique à conjuguer tradition et modernité, créativité et résilience.
Soutien international et appels à projets
L’essor des ICC en Afrique bénéficie d’un soutien croissant de la part de partenaires internationaux et d’organisations multilatérales.
- Spaces of Culture 2025 : Ce programme, lancé par le réseau EUNIC et financé par la Commission européenne, vise à renforcer les collaborations entre acteurs culturels africains et européens. Il soutient des projets innovants favorisant la co-création, le dialogue et la formation, avec un accent sur l’inclusion, la jeunesse, la durabilité et l’accès à la culture dans les zones fragiles. Les projets sélectionnés reçoivent jusqu’à 50 000 € et doivent impliquer au moins trois partenaires locaux et trois membres EUNIC, en plus de la participation des délégations de l’UE26.
- Institut français : À travers ses appels à projets, l’Institut français soutient la création, la diffusion et la formation dans des disciplines telles que la musique, la danse, le théâtre, la mode, la photographie ou les arts numériques. L’accent est mis sur les projets à dimension régionale, la mobilité des artistes, l’émergence des jeunes talents et l’égalité de genre. Les subventions varient de 5 000 à 20 000 €.
- Accès Culture : Ce programme de l’AFD et de l’Institut français finance des projets favorisant la cohésion sociale et l’accès à la culture pour les populations éloignées de l’offre culturelle, en encourageant la coopération entre acteurs africains et français5.
Enjeux et défis des ICC africaines
Malgré leur dynamisme, les ICC en Afrique font face à plusieurs défis :
- Financement et structuration : L’accès aux financements reste limité pour de nombreux créateurs et entrepreneurs culturels. Les initiatives internationales cherchent à combler ce manque, mais une structuration locale plus forte est nécessaire.
- Formation et professionnalisation : Le renforcement des compétences, la formation aux métiers de la culture et la transmission intergénérationnelle sont des priorités pour assurer la pérennité du secteur.
- Accès aux marchés et rayonnement international : La circulation des œuvres, la participation à des festivals et la présence sur les plateformes numériques sont essentielles pour élargir l’audience et générer des revenus.
- Inclusion et diversité : Les projets soutenus valorisent la jeunesse, les femmes, les personnes en situation de handicap et les communautés rurales, afin de garantir une véritable diversité et équité dans l’accès à la création.
Culture, développement durable et cohésion sociale
Les ICC africaines jouent un rôle clé dans la cohésion sociale, la paix et le développement durable. Elles contribuent à la gestion des ressources naturelles, à la sécurité alimentaire, à la prévention des conflits et à la résilience face aux crises. Les festivals, expositions et échanges culturels sont des leviers puissants pour le dialogue, la réconciliation et la promotion de l’unité, comme l’ont rappelé les consultations régionales africaines en vue de la conférence UNESCO MONDIACULT 2025.
Un appel fort a été lancé pour que la culture soit reconnue comme un objectif de développement durable à part entière, avec des recommandations pour allouer au moins 1 % des budgets nationaux au secteur culturel et mieux mesurer son impact sur l’économie, l’éducation, l’égalité et l’environnement.
L’avenir des ICC en Afrique : innovation, partenariats et rayonnement
L’avenir des industries culturelles et créatives africaines s’annonce prometteur. Les jeunes générations, connectées et inventives, s’approprient les outils numériques pour créer, diffuser et collaborer au-delà des frontières. Les partenariats Afrique-Europe, les appels à projets et les grands événements internationaux offrent des opportunités sans précédent pour structurer le secteur, valoriser les talents locaux et renforcer l’attractivité du continent.
L’enjeu est désormais de consolider ces dynamiques, d’investir dans la formation, l’infrastructure et l’entrepreneuriat culturel, et de garantir un accès équitable à la culture pour tous, dans l’esprit du proverbe swahili : « Umoja ni Nguvu, utengano ni udhaifu » (l’union fait la force, la division fait la faiblesse).
Les industries culturelles et créatives africaines sont en pleine mutation, portées par l’innovation, la jeunesse et la diversité. Elles représentent un levier stratégique pour le développement, la cohésion sociale et l’influence du continent sur la scène mondiale, à condition de relever les défis de financement, de structuration et d’inclusion