
Jane Austen, née en 1775 dans le Hampshire en Angleterre, est aujourd’hui célébrée comme l’une des plus grandes romancières anglaises, célèbre pour ses récits empreints de romantisme, d’ironie et d’analyse sociale. Pourtant, paradoxalement, cette auteure dont les œuvres célèbrent souvent le mariage et l’amour, est restée célibataire toute sa vie. Comment expliquer ce contraste entre sa plume à l’eau de rose et son choix personnel de ne pas se marier ? Cet article retrace son histoire, ses amours manquées, ses raisons et la manière dont son célibat a influencé son œuvre.
1. Une jeunesse marquée par la famille et l’écriture
Jane Austen naît en 1775 à Steventon, dans une famille nombreuse et intellectuelle. Très tôt, elle s’initie à l’écriture, composant des récits, poèmes et pièces de théâtre pour le cercle familial. Sa sœur Cassandra est sa confidente et son soutien tout au long de sa vie.
La famille Austen vit modestement, dépendant des revenus modestes du père, pasteur anglican. Jane ne fréquente pas d’école mais bénéficie d’une éducation soignée à la maison, avec un accès à la littérature classique et contemporaine.
2. Les amours contrariées : Tom Lefroy et la jeunesse
À l’âge de 20 ans, Jane rencontre Thomas Langlois Lefroy, un jeune avocat irlandais. Leur relation, bien que brève, est intense et passionnée, comme en témoignent les lettres de Jane à sa sœur. Ils dansent, flirtent, mais la famille Lefroy éloigne rapidement le jeune homme, conscient de l’absence de fortune des Austen.
Le mariage est impossible : ni Jane ni Tom ne disposent de ressources suffisantes. Lefroy part pour Londres, et Jane ne le revoit jamais. Ce premier amour manqué laisse une empreinte durable dans la vie et l’œuvre de Jane.
3. La vie de jeune femme célibataire dans l’Angleterre du XVIIIe siècle
À cette époque, le mariage est souvent une nécessité économique pour les femmes. Le célibat expose à la pauvreté et à la dépendance familiale. Jane Austen, consciente de cette réalité, vit avec sa famille, notamment sa mère et sa sœur Cassandra, dans une relative modestie.
Elle écrit, retravaille ses manuscrits, mais ne cherche pas activement à se marier. La société anglaise impose aux femmes des contraintes fortes, et Jane semble préférer la liberté intellectuelle à une union sans passion.
4. La seule proposition de mariage : Harris Bigg-Wither
En 1802, Jane reçoit une proposition de mariage de Harris Bigg-Wither, un homme qu’elle connaît depuis l’enfance et héritier d’une grande propriété. Ce mariage aurait assuré la sécurité financière de Jane et de sa famille.
Elle accepte d’abord, sans doute sous la pression sociale et par souci familial, mais se rétracte dès le lendemain, consciente qu’elle n’aime pas cet homme et ne souhaite pas sacrifier son indépendance. Ce refus est un acte courageux, rare pour une femme de son temps.
5. Le célibat, un choix ou une contrainte ?
Jane Austen ne s’est jamais remariée ni engagée dans une relation durable après cette proposition. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce célibat :
- Manque de propositions compatibles : les hommes fortunés ou séduisants étaient rares dans son cercle social.
- Priorité à l’écriture : Jane semble avoir consacré sa vie à sa passion littéraire, trouvant dans l’écriture une forme d’épanouissement.
- Indépendance intellectuelle : elle valorise sa liberté et refuse un mariage par intérêt ou convenance.
- Contexte social : le rôle des femmes était limité, et le mariage pouvait être une prison sociale.
6. Le reflet du célibat dans son œuvre
Les romans de Jane Austen, bien que centrés sur le mariage, ne célèbrent pas un idéal naïf. Ils analysent avec ironie et lucidité les contraintes sociales, les enjeux économiques et les choix personnels dans la formation des couples.
Ses héroïnes sont souvent des femmes intelligentes, indépendantes, qui cherchent un équilibre entre amour et raison. Le célibat, la solitude, la difficulté à trouver un partenaire sincère sont des thèmes récurrents.
7. L’héritage de Jane Austen : une plume à l’eau de rose mais une vie singulière
Jane Austen est morte en 1817 à l’âge de 41 ans, laissant une œuvre majeure qui continue d’influencer la littérature et la culture populaire. Son célibat n’a pas empêché son succès posthume, bien au contraire : il ajoute une dimension de mystère et d’authenticité à son écriture.
Elle a su dépeindre avec finesse les relations humaines, les aspirations et les limites imposées aux femmes de son temps, tout en offrant des récits pleins d’humour et d’émotion.
Conclusion
Jane Austen demeure une figure fascinante : une écrivaine qui, malgré une plume romantique et centrée sur le mariage, a choisi ou subi le célibat toute sa vie. Ses amours manquées, ses refus courageux et sa dévotion à l’écriture témoignent d’une femme en avance sur son temps, consciente des enjeux sociaux et déterminée à suivre sa voie.
Son œuvre, reflet de sa vie et de son époque, continue de toucher par sa modernité, sa lucidité et sa beauté littéraire.