
Le maquillage, art ancestral et universel, remonte à des temps immémoriaux et traverse les civilisations comme un marqueur fort de culture, de spiritualité et d’esthétique. Ses racines plongent dans la préhistoire, s’enrichissent dans l’Égypte ancienne, se transforment à travers les âges et continuent d’évoluer aujourd’hui. Cet article retrace les origines du maquillage, ses usages premiers, son évolution historique et son importance culturelle.
Les origines préhistoriques du maquillage
Les premières traces de maquillage remontent à plus de 100 000 ans, dans les grottes de Blombos en Afrique du Sud. Des poudriers en coquilles d’ormeaux, contenant des pigments rouges naturels, ont été découverts, accompagnés d’outils rudimentaires servant à appliquer ces pigments. Ces peintures corporelles avaient probablement des fonctions rituelles, symboliques ou protectrices, liées aux croyances, à la fertilité ou à la cohésion sociale.
Ainsi, le maquillage naît comme un moyen d’expression identitaire, spirituelle et sociale bien avant d’être un simple ornement esthétique.
Le maquillage dans l’Égypte ancienne : entre beauté et spiritualité
La civilisation égyptienne, il y a environ 4 000 ans avant J.-C., est la première à formaliser l’usage du maquillage. Les Égyptiens accordaient une grande importance à l’apparence et à l’hygiène corporelle. Le maquillage servait à la fois à embellir le visage et le corps, mais aussi à des fins spirituelles et protectrices.
Le khôl, mélange de suie et de minéraux, était appliqué autour des yeux pour souligner le regard, protéger contre les infections et repousser les mauvais esprits. Des paniers contenant huiles, onguents, peignes, pinces à épiler et miroirs accompagnaient les rituels de beauté. Le maquillage était aussi utilisé lors des rites funéraires pour donner un aspect juvénile et pur au défunt, facilitant son passage vers l’au-delà.
Les Égyptiens maîtrisaient la fabrication artisanale de cosmétiques naturels, à base de pigments végétaux et minéraux, et utilisaient des huiles parfumées pour protéger la peau du soleil et des agressions extérieures.
Le maquillage dans l’Antiquité gréco-romaine : entre esthétique et controverse
Avec la diffusion des caravanes d’épices et de soie, les cosmétiques arrivent en Grèce et à Rome. Le maquillage devient un attribut de beauté, mais aussi un marqueur social. En Grèce antique, le teint pâle, signe de noblesse, est recherché à l’aide de poudres à base de craie ou de carbonate de plomb, bien que toxiques. Les joues sont rosies avec des pigments naturels comme la mûre ou la ronce.
Dans la Rome antique, figures comme Néron et Poppée utilisent maquillage et parfums. Cependant, le maquillage reste controversé, parfois associé à la prostitution ou à la débauche, et fait l’objet de débats philosophiques et religieux.
Le Moyen Âge et la Renaissance : interdits et renouveau
Au Moyen Âge, notamment en Europe chrétienne, le maquillage est interdit par l’Église, considéré comme un artifice trompeur et immoral. La beauté naturelle est valorisée, et les femmes évitent de se poudrer le visage.
Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que le maquillage réapparaît dans les cours royales et bourgeoises, notamment en France et en Angleterre. Le mot « maquillage » apparaît alors, avec une connotation péjorative signifiant masquer ou tromper. Les nobles utilisent le maquillage pour afficher leur statut et séduire, avec des poudres blanches, des rouges à lèvres et des fards.
L’époque moderne : démocratisation et innovation
À la fin du XIXe siècle, le maquillage se démocratise grâce à l’essor de l’industrie cosmétique. Des marques comme Guerlain, Lancôme ou Max Factor développent des produits accessibles. Le cinéma muet popularise le maquillage, qui devient un outil d’expression artistique.
Aujourd’hui, le maquillage est un secteur économique majeur, avec des innovations technologiques (produits personnalisés, outils high-tech) et une diversité d’usages allant de l’embellissement à l’expression de soi.
Le maquillage est bien plus qu’un simple artifice : il est le reflet d’une histoire millénaire mêlant culture, spiritualité, pouvoir et esthétique. De la préhistoire aux cosmétiques modernes, il incarne la quête humaine de beauté, de protection et d’identité. Comprendre ses racines permet d’apprécier pleinement sa richesse et sa diversité contemporaine.