
L’hypergamie, du grec « υπερ » (« au-dessus ») et « γαμος » (« mariage »), désigne le fait, pour un individu, de choisir un conjoint dont le statut social est plus élevé que le sien1. Dans la littérature sociologique, on parle le plus souvent d’hypergamie féminine lorsque la femme épouse un homme de statut supérieur, et d’hypergamie masculine dans le cas inverse13. Ce phénomène, observé dans de nombreuses sociétés, soulève la question de savoir si cette tendance est innée, biologique, ou plutôt le produit de constructions sociales et culturelles.
Qu’est-ce que l’hypergamie ?
L’hypergamie est l’acte ou la pratique de courtiser ou d’épouser une personne d’une classe socio-économique ou sociale supérieure à soi-même2. Elle est souvent associée à la recherche d’une meilleure sécurité financière et sociale, notamment chez les femmes, dans un contexte où les revenus et le statut restent des facteurs clés dans la formation des couples.
Historiquement, l’hypergamie féminine a été une stratégie d’ascension sociale, encouragée par les familles qui cherchaient à assurer un meilleur avenir à leurs filles2. Dans certaines sociétés, les mariages arrangés favorisent encore cette dynamique, où la femme épouse un homme d’un rang social supérieur ou équivalent.
Hypergamie : nature biologique ou construction sociale ?
Arguments biologiques
Certains chercheurs avancent que l’hypergamie féminine pourrait avoir des racines évolutives. La théorie évolutionniste suggère que les femmes, en raison de leur investissement biologique plus important dans la reproduction (grossesse, allaitement), auraient développé une préférence pour des partenaires capables d’assurer sécurité et ressources, ce qui se traduirait par une attirance vers des hommes de statut plus élevé.
Des études en psychologie évolutionniste montrent que la testostérone et d’autres facteurs hormonaux influencent les comportements de recherche de statut chez les hommes, tandis que les femmes seraient plus sensibles aux ressources et à la stabilité.
Arguments sociologiques
Toutefois, la sociologie souligne que l’hypergamie est avant tout un phénomène social et culturel. Les normes, les attentes et les rôles de genre façonnent les comportements conjugaux. L’hypergamie féminine reflète les inégalités structurelles entre hommes et femmes, notamment sur le marché du travail et dans la répartition des pouvoirs.
L’hypergamie contribue à la reproduction des ordres sociaux et des dominations masculines, en maintenant une asymétrie dans le couple et dans la société.
Données empiriques et évolutions récentes
Des études en France et ailleurs montrent que l’hypergamie féminine est un phénomène persistant mais en mutation. Selon une étude de l’OFCE, l’homme a plus souvent un diplôme supérieur à celui de sa conjointe, ce qui est une forme d’hypergamie. Cependant, avec l’élévation du niveau d’éducation des femmes et leur entrée massive sur le marché du travail, cette tendance tend à s’atténuer.
Par ailleurs, l’hypergamie relative (au-delà des différences structurelles) indique que les femmes choisissent souvent des partenaires de statut supérieur même lorsque les hommes et femmes ont des niveaux similaires d’éducation ou de revenus.
Les motivations derrière l’hypergamie
Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique :
- Sécurité financière et sociale : la recherche d’une stabilité matérielle reste un moteur important.
- Normes culturelles : dans beaucoup de sociétés, il est attendu que l’homme soit le « pourvoyeur ».
- Ascension sociale : le mariage est parfois un moyen d’améliorer sa position sociale.
- Évolution des rôles : même si les femmes gagnent en autonomie, les modèles traditionnels perdurent.
Hypergamie masculine et homogamie
L’hypergamie masculine, où l’homme épouse une femme de statut inférieur, est moins fréquente et souvent moins étudiée. Par ailleurs, l’homogamie, c’est-à-dire le choix d’un conjoint de statut similaire, est également très répandue et contribue à la stabilité sociale5.
L’hypergamie féminine est un phénomène complexe mêlant héritages biologiques, constructions culturelles et réalités sociales. Si des bases évolutives peuvent expliquer une certaine tendance à préférer des partenaires de statut supérieur, la sociologie montre que ce comportement est largement modelé par les normes et les inégalités sociales. Les évolutions récentes, notamment l’élévation du niveau d’éducation des femmes, tendent à réduire cette dynamique, mais l’hypergamie reste un élément clé pour comprendre la formation des couples et la reproduction des structures sociales.