
Née le 4 mars 1997 à Covè au Bénin, Majoie Houndji est aujourd’hui une figure incontournable de la lutte contre le cyberharcèlement en Afrique de l’Ouest. Influenceuse, chroniqueuse télé, animatrice web et activiste, elle a su transformer une expérience douloureuse en une mission collective pour protéger les victimes et sensibiliser la société à ce fléau grandissant. Son parcours, marqué par la résilience et l’engagement, fait d’elle une pionnière et une source d’inspiration pour des milliers de jeunes confrontés à la violence numérique.
Une jeunesse marquée par le harcèlement et le cyberharcèlement
Majoie Houndji a été victime de harcèlement dès son adolescence, d’abord dans son environnement scolaire, puis sur les réseaux sociaux. Marginalisée et attaquée sur son apparence physique, elle a vécu une période difficile, marquée par la dépression, l’isolement, l’automutilation, et même des pensées suicidaires. Ce harcèlement en ligne, souvent minimisé ou confondu avec la liberté d’expression, n’était alors pas reconnu ni combattu au Bénin.
Face à cette situation, son père est devenu son premier soutien, l’encourageant à s’accepter et à ne pas céder à la pression. Cette étape cruciale lui a permis de retrouver confiance en elle et de prendre conscience de la nécessité de lutter contre ce fléau qui gangrène la société.
Transformer la douleur en combat collectif
Plutôt que de se laisser abattre, Majoie Houndji a décidé de faire de son expérience une force. Elle s’est engagée activement dans la sensibilisation au cyberharcèlement, multipliant les interventions dans les médias, les conférences, et les émissions. En 2021, elle est invitée à prendre la parole lors de la conférence TEDxCadjehoun Woman, où elle raconte son histoire et explique comment chacun peut transformer ses complexes en moteur pour avancer.
Son message est clair : le cyberharcèlement n’est pas une fatalité, il doit être combattu collectivement pour protéger la santé mentale des victimes et préserver la cohésion sociale. Elle insiste sur l’importance de ne pas confondre liberté d’expression et violences numériques, et appelle à une prise de conscience générale.
Une militante reconnue et une figure de proue en Afrique de l’Ouest
Grâce à son engagement, Majoie Houndji est devenue une figure majeure de la lutte contre le cyberharcèlement au Bénin et dans la région. Elle a fondé en 2023 l’organisation « La lutte contre le cyberharcèlement en Afrique migbↄ », avec l’aide d’experts linguistiques et de partenaires internationaux.
Son combat a permis à plusieurs victimes de sortir de la dépression, d’obtenir des opportunités de bourses, de stages et d’emplois, et de retrouver une dignité perdue. Son action est saluée par des organisations européennes telles que « Féministes contre le cyberharcèlement » et des associations camerounaises de lutte contre le suicide.
Elle collabore également avec des institutions prestigieuses comme Amnesty International, Oxfam Ghana, et l’Université d’Abomey-Calavi, et a attiré l’attention de médias internationaux, dont Deutsche Welle.
Les défis d’une lutte encore méconnue
Malgré ses succès, Majoie Houndji fait face à plusieurs défis majeurs. Le premier est la méconnaissance du cyberharcèlement au sein des populations africaines, où ce phénomène est souvent ignoré ou minimisé. Beaucoup ne réalisent pas que les violences numériques peuvent avoir des conséquences aussi graves que le harcèlement traditionnel.
Le second défi est de fédérer l’ensemble des acteurs – victimes, familles, institutions, médias, pouvoirs publics – pour mener une lutte collective efficace. Elle milite pour que le cyberharcèlement soit reconnu comme un problème de société à part entière, avec des lois adaptées et des mécanismes de soutien aux victimes.
Un modèle de résilience et d’espoir
L’histoire de Majoie Houndji est celle d’une jeune femme qui a su transformer ses blessures en une force pour elle-même et pour les autres. Son parcours inspire des milliers de jeunes, notamment des femmes, à ne pas céder face à la violence numérique et à s’engager pour un internet plus sûr.
Elle incarne la résilience, la détermination et la capacité à faire entendre une voix jusque-là ignorée. Son combat ouvre la voie à une meilleure prise en compte du cyberharcèlement en Afrique, et contribue à construire une société plus juste et respectueuse.